Enquête sur le Lorient-Express
- Mesdames,
messieurs, en raison de la neige amassée sur la voie, le train est dans
l’incapacité de continuer son chemin. Nous allons donc rester à l’arrêt pour
une période encore indéterminée. Veuillez-nous excuser pour ce désagrément
indépendant de notre volonté. Nous laisserons les lumières allumées mais allons
immédiatement couper l’électricité pour économiser le peu d’énergie qui reste
au train.
Le message grésillant est accueilli avec colère par
certains passagers :
- Quelle honte ! Pour une fois qu’ils ne sont
pas en grève ! Et voilà, encore une
fois la Compagnie Ferroviaire n’a pas anticipé ! C’est bien la France ça,
quelques flocons et le pays est paralysé !
Sauf que ce ne sont pas quelques flocons qui empêchent
la circulation des trains, mais un épais tapis neigeux qui prendra sûrement des
heures à être déblayé ! Il est rare qu’il neige en Bretagne, et les
communes environnantes ne possèdent évidemment pas le matériel nécessaire à une
solution rapide. Ainsi, le train qui assure la liaison Lorient-Nantes est
bloqué en plein pays breton !
Dans un wagon, un groupe d’enfants semble être gagné
par l’agitation liée à l’arrêt subit du Lorient-Express. Les questions
fusent et la pauvre maîtresse semble affolée. Elle essaie de répondre à tout le
monde, mais en vain.
-Vivement que je me retrouve dans mon lit ce soir,
se dit-elle, et que ce maudit voyage scolaire soit terminé !
Amusé, un petit homme à lunettes observe la scène.
En fait, ce ne sont pas des lunettes mais des lorgnons, des lunettes sans
montures posées sur l’arête de son nez et qui semble tenir par miracle. Cet
homme semble sorti d’une autre époque : il porte un petit chapeau et
d’impeccables moustaches. Sa tête en forme d’œuf respire la ruse et la réflexion.
Il répond à l’étrange nom d’Hercule Poireau et exerce le métier de détective.
Il est actuellement en vacances et parcourt la France à la recherche d’énigmes
tordues à résoudre.
Le contrôleur
fait irruption dans la voiture et annonce :
- Si vous voulez, vous pouvez aller vous dégourdir
les jambes dehors. Mais ne vous éloignez pas trop quand même.
Sous l’effet de cette annonce, c’est le branle-bas
de combat. Tout le monde s’habille et s’agglutine vers la sortie. Une fois
dehors, les voyageurs effectuent quelques pas. Le groupe d’enfants joue dans la
neige sous l’œil désabusé de leur vieille institutrice. Hercule Poireau est
descendu lui aussi, il s’aère l’esprit en observant la campagne environnante.
Les champs sont immaculés, le bétail a été rentré et les animaux sauvages sont
restés au chaud. Ce calme n’est troublé que par le tintement, au loin, d’une
cloche qui sonne midi.
Le détective est sorti de sa torpeur par des pleurs
émanant d’une petite fille aux tresses blondes et dont le visage est parsemé de
taches de rousseur. Celle-ci se plaint de la disparition de sa console
portable. Péniblement, elle articule :
- Maîtresse, en allant la chercher à ma place, je
n’ai pas trouvé ma SPS. J’ai cherché partout, même sur les sièges près du mien.
Mes parents vont me tuer si je ne la ramène pas.
La maîtresse fait venir les trois enfants qu’elle a
autorisés à monter avant Sonia. Elle les interroge mais tous trois nient s’être
emparés de la console. Intrigué par l’affaire, Hercule Poireau a tendu
l’oreille et s’est tenu au courant de l’histoire. Voyant la maîtresse
complètement impuissante et peu pressée d’élucider cette affaire, il se permet
d’intervenir.
- Excusez-moi. Je me présente : Hercule
Poireau, détective international actuellement en vacances. J’ai cru comprendre
qu’un objet a été dérobé, n’est-ce pas ?
- Oui, intervient la fillette. Ma console portable,
la toute dernière, la SPS avec écran digital et qui fait appareil-photo.
- Pourriez-vous m’aider à élucider cette histoire de
vol, détective ? Je dois surveiller les autres enfants. Je vous confie
ceux-ci ?
- Avec plaisir, Madame, avec plaisir.
à suivre...
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