Bonjour tout le monde,
Voici un nouvel extrait de l'histoire de
Séréna, dont je pense que je vais changer le titre.
J'en ai presque terminé, mais je sens que
la relecture et le peaufinage risquent d'être longs, comme à chaque fois!
A bientôt, Emmanuel
Mais j’y pense, ma verrue ! Je ne m’en suis pas occupée encore !
Je pourrais très bien ne pas me laver pendant quelques temps, histoire d’être
sûre qu’un joli bouton purulent daigne bien faire irruption sur mon nez. Mais
je sais que c’est peine perdue, ma peau nourrie depuis des années aux fruits et
légumes ne se laissera pas envahir comme ça. Et si je m’étalais de l’œuf pourri
et du lait caillé sur le visage, ou de la crotte de dragon ? Ce serait
trop long.
Ah, si seulement je pouvais mettre la main sur un grimoire de
sorcière ! Les rares choses que j’ai apprises et retenues à l’Institut ne
me sont vraiment d’aucune utilité. Il faut que je fasse tout sans pouvoir
magique, quel ennui. Tant pis !
Tout de même, je décide de ne pas me laver jusqu’à nouvel ordre.
Ainsi, mes cheveux vont prendre une drôle de forme et avec un peu de chance, je
vais commencer à sentir le vieux bouc.
Une idée de génie maléfique naît dans mon esprit : je m’empare de ma
brosse à dents et la frotte longuement contre mes bottes poussiéreuses et
crasseuses. Puis j’entreprends de me laver les dents avec. L’effet est assez
désagréable mais visuellement, c’est réussi : mes dents parfaites sont
recouvertes d’une fine couche noirâtre et malodorante.
Je suis tellement absorbée par ma transformation que j’en viens à oublier
Natachouette, endormie sur mon épaule. Elle est si légère que je ne la sens
même plus. Sa présence à mes côtés me semble si naturelle que j’ai l’impression
de l’avoir toujours eue en ma compagnie. Pendant toute la soirée, mes
parents et moi ne nous adressons pas la parole. Ils restent en bas pendant que
je me terre dans ma chambre, rêvant d’une nouvelle vie.
Le lendemain, mon arrivée fait sensation à l’Institut. Sur tout le trajet
vers l’école, parcouru à pied pour profiter pleinement de ma nouvelle
condition, j’ai encore fait des dégâts : j’ai effrayé un couple d’amoureux
qui se bécotaient sur un banc et un vieux pépé qui promenait son chien.
A l’Institut, mon absence a été remarquée car j’ai raté la moitié de la
journée d’hier en m’enfuyant par la fenêtre des toilettes. Sur le trottoir,
tout ce petit monde se recule en tremblant sur mon passage et je fends la foule
avec jubilation. Sur mon passage, les réflexions fusent et les nez se
pincent :
- Elle est folle, c’est certain !
- En plus, elle a récupéré une chouette, quelle honte !
- Regardez cette harpie, vêtue entièrement de noir. En plus, elle sent la
charogne !
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